Le billetde Denis Lefèvre Le billetde Denis Lefèvre
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Dans la perspective des sept heures à passer dans le train qui me ramène de Pau à mon village des Hauts-de-France, je me suis procuré le hors-série du Monde et de La Vie sur « L’histoire de l’homme, une aventure de 7 millions d’années, et après ? », ainsi que le livre de Marc Dugain et Christophe Labbé, L’Homme nu, qui nous met en garde contre la dictature invisible du numérique.
Ces deux documents nous interrogent sur les menaces d’un futur digital mêlant les géants du numérique et l’appareil de renseignement américain, et dont les gourous prennent nos gènes pour un programme informatique, qui veulent reformater l’Humanité et l’Homme (le transhumanisme et l’immortalité !). Ils pensent que « le cerveau humain est un ordinateur obsolète qui a besoin d’un processeur plus rapide et d’une mémoire plus étendue » ; ils considèrent la vie privée comme une anomalie et préparent des hommes sans mémoire, programmés et sous surveillance (pour notre bien et notre sécurité !). Ils constatent que si les États-Unis étaient la nation dominante d’hier, Google sera la puissance dominante de demain… À ce sujet, le gouvernement danois annonce son intention de nommer un ambassadeur auprès des Gafa (Google, Apple, Facebook et Amazon), quatre entreprises qui dépassent le PIB du royaume scandinave. Une première que cette reconnaissance du statut d’État à des entreprises sans territoire qui défient les États !
Dans le train, je pense alors à ce séjour au village alternatif d’Emmaüs Lescar-Pau et à sa ferme qui vise l’autosuffisance alimentaire de la communauté de 150 membres. Il fait cohabiter plutôt harmonieusement des personnes rejetées par la société et d’autres qui, par engagement, rejettent cette même société. Je me dis alors que je préfère cette société, même avec ses imperfections, qu’une civilisation du big data menant à un machiavélique meilleur des mondes ! Déjà, en 1576, Étienne de La Boétie nous interpellait sur ces dangers dans Discours de la servitude volontaire.
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